Élever une voix unifiée: aider les pêcheurs et les travailleurs de la pêche artisanale africaine à se faire entendre

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Quarante représentants des organisations régionales et de la pêche artisanale de l'Afrique ont demandé le renforcement des organisations existantes de la pêche artisanale et à la création d'une nouvelle plate-forme panafricaine.

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Quarante représentants des organisations régionales et de la pêche artisanale de l'Afrique ont demandé le renforcement des organisations existantes de la pêche artisanale et la création d'une nouvelle plateforme panafricaine.

Ces actions sont considérées comme essentielles pour renforcer la voix des pêcheurs et des travailleurs de la pêche artisanale africaine aux niveaux national, régional et mondial et pour renforcer leur engagement dans les processus politiques.

Les recommandations ont été formulées lors d'un Atelier de trois jours, Atelier panafricain sur renforcement des structures organisationnelles des acteurs non étatiques pour une pêche artisanale durable en Afrique, tenu du 10 au 12 juillet 2019 à Kasene, au Botswana.

L'Atelier était organisé conjointement par WorldFish et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) en collaboration avec le Bureau interafricain des ressources animales de l'Union africaine (UA-BIRA) et la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC).

Participants à l'atelier panafricain sur le renforcement des structures organisationnelles des acteurs non étatiques pour la pêche artisanale durable en Afrique, tenu du 10 au 12 juillet 2019 à Kasene (Botswana).
Participants à l'atelier panafricain sur le renforcement des structures organisationnelles des acteurs non étatiques pour la pêche artisanale durable en Afrique, tenu du 10 au 12 juillet 2019 à Kasene (Botswana).

Renforcement des organismes existants 

Il existe actuellement cinq plateformes d'acteurs non étatiques (ANE) sous-régionales couvrant les organisations des parties prenantes de la pêche et de l'aquaculture à travers l'Afrique, ainsi qu'un réseau panafricain pour les femmes dans la pêche (AWFISHNET), qui défendent les intérêts de leurs membres et du secteur.

La pêche artisanale étant une composante essentielle de la pêche africaine, ces organismes s’intéressent principalement aux pêcheurs, aux travailleurs de la pêche artisanale et à leurs communautés, ainsi qu’à la manière dont le secteur contribue à la sécurité alimentaire et à l’élimination de la pauvreté.

Mais ces organismes font face à plusieurs défis qui menacent leur durabilité à long terme, a déclaré Okeloh W’Namadoa, président de la plateforme EARFISH pour l’Afrique de l’Est, lors de l’Atelier.

« En raison de ressources insuffisantes, nous ne sommes pas en mesure de remplir notre mandat, qui comprend la création et le renforcement de structures organisationnelles nationales dont l’existence et le dynamisme enrichissent notre engagement d’influence sur les politiques. »

« Tous les petits pêcheurs et travailleurs du secteur de la pêche ne sont pas organisés et tous les pays ne disposent pas d'associations nationales pour faire entendre la voix des acteurs de la pêche artisanale. Cela affecte négativement leur participation à la prise de décision et leur engagement dans les processus démocratiques à différents niveaux. »

Participants à l'atelier panafricain sur le renforcement des structures organisationnelles des acteurs non étatiques pour la pêche artisanale durable en Afrique, tenu du 10 au 12 juillet 2019 à Kasene (Botswana).
Participants à l'atelier panafricain sur le renforcement des structures organisationnelles des acteurs non étatiques pour la pêche artisanale durable en Afrique, tenu du 10 au 12 juillet 2019 à Kasene (Botswana).

« Il a été convenu que les Organisations nationales devaient être renforcées, car c’est le niveau local qui sert de base à la représentation régionale et mondiale, et une attention particulière doit être accordée aux organisations de femmes », a déclaré Beyene Ateba Baliaba, représentante de la plateforme d'acteurs de non étatiques l’Afrique centrale (PRAPAC), au sujet des recommandations de lAtelier.

Les participants ont discuté de la nécessité de soutenir et de formaliser les consultations et les réunions qui se tiennent déjà entre les acteurs non étatiques et les communautés économiques régionales et les organismes régionaux de la pêche.

La croissance bleue et la planification spatiale marine ont également été reconnues comme des problèmes émergents, tant au niveau des politiques que de la pratique, d'où l'importance de positionner la pêche artisanale dans ces concepts."

D’autres besoins identifiés concernaient ceux faisant face aux changements climatiques et les risques de catastrophe, l'amélioration de l'accès à divers types de formation et le développement des capacités tout au long de la chaîne de valeur, et la collaboration en matière de recherche avec des universités et des Instituts de recherche.

« Des mécanismes formels durables de coopération devraient être mis en place entre les chercheurs et les acteurs et actrices de la pêche artisanale pour garantir que les connaissances empiriques des pêcheurs et des travailleurs de la pêche artisanale soient exploitées», a déclaré Emmanuel Kaunda, professeur à l'Université de l'agriculture et des ressources naturelles de Lilongwe (LUANAR), lors de la réunion.

« Les acteurs de la pêche artisanale et les communautés de pêcheurs devraient être le point de départ de la recherche. Et les résultats de la recherche devraient être partagés, diffusés et mis en œuvre, y compris avec les communautés de pêcheurs. »

Participants à l'atelier panafricain sur le renforcement des structures organisationnelles des acteurs non étatiques pour la pêche artisanale durable en Afrique, tenu du 10 au 12 juillet 2019 à Kasene (Botswana).
Participants à l'atelier panafricain sur le renforcement des structures organisationnelles des acteurs non étatiques pour la pêche artisanale durable en Afrique, tenu du 10 au 12 juillet 2019 à Kasene (Botswana).

Une nouvelle plateforme régionale

Les cinq plateformes NSA sous-régionales ont été créées lorsque des acteurs non étatiques du secteur de la pêche et de l'aquaculture ont exprimé le souhait, en 2010, de s'organiser pour défendre les intérêts de la pêche artisanale.

Cela a conduit à un engagement actif avec l'Union africaine (AUDA-NEPAD et UA-BIRA) lors de l'élaboration du Cadre politique et stratégie de réforme de la pêche et de l'aquaculture en Afrique de l'Union africaine de 2014 (PFRS).

« L'un des principes clés de ce cadre et d'autres cadres liés à la pêche artisanale est l'importance d'une participation effective des pêcheurs et des travailleurs de la pêche artisanale aux processus de décision et de développement qui concernent leur vie et leurs moyens de subsistance, » a déclaré Gaoussou Gueye, président de la Confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA) ainsi que de la Plateforme des acteurs non étatiques de l'Afrique de l'Ouest dans le domaine de la pêche et de l'aquaculture (PANEPAO).

« Mais un facteur clé pour rendre cette participation possible est l'existence d'Organisations fortes, transparentes et démocratiques représentant la pêche artisanale. »

Conscients de cela, les participants à l'Atelier ont confirmé la nécessité de créer une plateforme panafricaine de représentants de la pêche artisanale, comme prévu dans le PFRS.

"La plateforme panafricaine préconisera et soutiendra la mise en œuvre des cadres de politique de la pêche, coordonnera les activités de plaidoyer aux niveaux continental et mondial et donnera une voix cohérente aux acteurs non étatiques", a déclaré Mauree Daroomalingum, coordinateur du projet SWIOfish 1 de la Commission de l’Océan Indien.

Les participants à l'Atelier ont conclu que l'Union africaine devrait prendre l'initiative pour la création de la plateforme, la FAO et WorldFish fournissant un appui technique. Il a été recommandé qu’elle soit composée de deux représentants de chacune des cinq plates-formes sous-régionales, assurant la représentation adéquate des femmes.

Travailler en équipe; pêcheuses pêchant des petits poissons et des crevettes à Bagamoyo, en Tanzanie.
Travailler en équipe; pêcheuses pêchant des petits poissons et des crevettes à Bagamoyo, en Tanzanie.

L’égalité hommes-femmes a été identifiée par les participants comme un défi et une opportunité « clé » (il faudrait trouver un autre mot,.. ça n’est pas tout à fait approprié..) en ce qui concerne la représentation des pêcheurs et des travailleurs dans les processus politiques à tous les niveaux.

« Le rôle important des femmes dans la pêche artisanale et leurs besoins doivent être davantage reconnus et les femmes doivent être pleinement représentées à tous les niveaux», a déclaré Editrudith Lukanga, secrétaire générale du Réseau des femmes africaines de la transformation et du commerce du poisson (AWFISHNET).

Les femmes représentent plus du quart de la main-d'œuvre africaine dans la pêche et contribuent aussi souvent de manière informelle et invisible au niveau des ménages, des communautés et de la pêche.

« Pourtant, les femmes ont nettement moins d’occasions que les hommes de participer et d’être entendues dans les processus de prise de décision », a déclaré Lukanga.

« L'inclusion des femmes dans les plateformes d’ANE et le bon fonctionnement de l'AWFISHNET au cours des deux dernières années constituent un progrès qu’il  faut continuer à développer.»

Relier les processus mondiaux et régionaux

Au-delà des processus de politique régionale, les participants à l'Atelier ont identifié le besoin de mieux associer les acteurs africains de la pêche artisanale aux processus mondiaux.

Les Directives volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l'éradication de la pauvreté (Directives PA), le premier instrument international dédié au secteur, mettent l'accent sur l'amélioration de la visibilité et de la reconnaissance de la pêche artisanale.

À cette fin, un groupe consultatif a été formé dans le cadre stratégique global pour la pêche artisanale (SSF-GSF), qui avait été recommandé par le Comité des pêches (COFI) en 2016 pour soutenir la mise en œuvre des Directives PA.

« Les participants ont discuté de la possibilité de créer un groupe consultatif au niveau africain pour veiller à ce que la SSF-GSF continue à se développer grâce à la participation globale et effective et en consultation avec les acteurs de la pêche artisanale, y compris ceux de la région Afrique », a déclaré Nicole Franz, fonctionnaire en planification des pêches, FAO.

« Un tel groupe consultatif régional pourrait s’engager dans des processus et réunions régionaux tels que la conférence régionale de la FAO et le Forum régional des agriculteurs du FIDA, permettant ainsi à la voix de l’Afrique de s’élever, »

Le groupe consultatif qui se formera à la suite de la création de la plate-forme panafricaine des ANE, sera composé des membres des organisations régionales des acteurs et actrices de la pêche artisanale.

« Ce groupe est essentiel pour soutenir et reconnaître le rôle important de la pêche artisanale et sa contribution aux efforts mondiaux et nationaux visant à éliminer la faim et la pauvreté, » a ajouté Franz.